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Cérémonie d'inauguration de l'allée Bernard Doré
à Solliès-Pont

Le  vendredi 30 juin 2023, avec l'aide de l'association Fraternité Forces Sous-Marines, Monsieur André Garron, Maire de Solliès-Pont, a présidé la cérémonie d'inauguration d’une allée  rendant hommage à Bernard DORE, membre de l’équipage du sous-marin Minerve disparu en service commandé le 27 janvier 1968.


Le monde des sous-mariniers s’était mobilisé : piquet d’honneur, délégation de la base sous-marine de TOULON et de l’ENSM, porte-drapeaux de FFS-M et représentants des AGASM de Toulon, Marseille et Nice, ainsi que d’autres associations patriotiques.
La famille de Bernard Doré était représentée par son épouse, son fils et ses petits-enfants.


Des discours ont été prononcés par Monsieur le maire, André Garron, par Monsieur Hervé Fauve qui a rappelé son long combat pour que reprennent et aboutissent les recherches de la Minerve, et par le capitaine de frégate représentant le capitaine de vaisseau commandant de la base sous-marine.
Après le dépôt de gerbes et le dévoilement de la plaque de l’allée par le Maire et la famille de Bernard Doré suivi par la traditionnelle section de ruban, tous se sont retrouvés dans la salle du foyer Quiétude pour visiter une exposition sur la Minerve et son équipage (dont plusieurs éléments ont été mis à disposition Fraternité Forces Sous-Marines entre autres la tape de bouche de la Minerve, la photo du monument des sous-mariniers, ainsi que l'emblème de l'association.
Lors de l’apéritif qui a suivi, monsieur le Maire de Solliès-Pont a remis la médaille de la ville à la famille de Bernard Doré, à monsieur Hervé Fauve, au commandant de l’ESNA, et à Jean-Luc Schalk pour Fraternité Forces Sous-Marines.
Cette journée s’est terminée par le repas partagé par les membres de notre association qui y avaient associé Monsieur Hervé Fauve et son épouse.

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Crédit@Mairie de Solliès Pont

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Crédit@Mairie de Solliès Pont

Allocution de Monsieur André Garron, Maire de Solliès-Pont,

Vendredi 30 juin2023

 

 

Madame Marie-Thérèse Crépon, veuve du premier maître Bernard Doré, 
monsieur Jean-Marc Doré et madame Anne Viale, fils et fille de Bernard Doré, 
monsieur Hervé Fauve, fils du lieutenant de vaisseau André Fauve, 
commandant le sous-marin La Minerve,

monsieur le capitaine de frégate représentant monsieur le capitaine de vaisseau Jérôme Colonna d'Istria, commandant la base sous-marine de Toulon,

messieurs les membres de la délégation SNA des sous-marins nucléaires d'attaque, monsieur le président de l'association Fraternité Forces Sous-Marines,

monsieur le président de l'association générale des amicales de sous-mariniers,

madame et messieurs les présidents des associations patriotiques,

mesdames et messieurs les élus, 
mesdames et messieurs,


Samedi 27 janvier 1968, à 8 heures du matin, la Minerve, un sous-marin de la classe Daphné, disparaissait en service commandé au large de Toulon avec les 52 hommes de l'équipage commandé par le lieutenant de vaisseau André Fauve. Parmi les victimes se trouvaient deux sous-mariniers dont la commune honore la mémoire.


Bernard Héliès, un très jeune quartier maître dont les sollièspontois ont déjà honoré le souvenir en baptisant de son nom une rue du hameau des Terrins où il résidait et où j'ai déposé une gerbe ce matin.


Récemment, nous avons appris par sa veuve Marie-Thérèse domiciliée à Solliès-Pont et par son fils Jean-Marc, la mort en service commandé du premier maître timonier Bernard Doré à bord de la Minerve où il servait comme chef de quart au moment du drame.
Né le 7 septembre 1931 à Boulogne Billancourt, Bernard-grandit à Nice avant de s'engager très jeune dans la marine nationale et de choisir la carrière prestigieuse offerte par le monde sous-marinier.


Homme rigoureux et exigeant, apprécié de ses supérieurs, très aimé de l'équipage dont il était un des membres les plus âgés et les plus expérimentés, Bernard Doré répondait parfaitement aux qualités techniques et humaines nécessaires à la maîtrise du risque et du danger inhérents au monde des sous-mariniers qu'il allait pourtant quitter. Il venait en effet de poser sa demande de mise à la retraite pour assumer dans un proche avenir les fonctions de capitaine à bord d'un navire marchand basé à Nice.


Sa disparition fut d'autant plus ressentie par son épouse Marie-Thérèse, une bretonne qu'il avait connue alors qu'il servait au sein de l'escadre de l'Atlantique. Elle représentait aussi une perte cruelle pour ses trois jeunes enfants, Françoise, Jean-Marc et Anne.


Depuis la tragédie, le souvenir et la mémoire de ces jeunes marins morts en service commandé n'ont cessé d'être salués et célébrés. Cités à l'ordre des Armées, le commandant et l'équipage du sous-marin La Minerve ont été particulièrement honorés par le Général de Gaulle qui le 8 février 1968 effectua à bord du sous-marin Eurydice, une plongée d'une heure sur les lieux mêmes de la catastrophe.


Le quartier maître Jean-Claude Julien, maître d'hôtel, qui servit la table du général lors de cette plongée était un survivant de l'équipage du Minerve dont il faisait partie mais qui n'embarqua pas.


Par une cruelle ironie du destin, ce jeune quartier maître allait disparaître dans le naufrage du sous-marin Eurydice, deux ans plus tard le 4 mars 1970 au large de Saint-Tropez.


Depuis 2009, le 27 janvier de chaque année, la mémoire des sous-mariniers disparus en mer est célébrée par les sous- mariniers et leurs familles, réunis devant la stèle qui leur est dédiée au Mourillon.


Ces hommages aussi bienvenus et répétés qu'ils aient été n'ont pas suffi à écarter les interrogations à propos de cette tragédie, dont la cause fut très tôt attribuée à une avarie de barre de fond.


Les recherches infructueuses de l'épave de la Minerve ne firent qu'exacerber ces interrogations et allaient empêcher les familles d'accomplir leur travail de deuil. Arguant de la grande profondeur de la mer en cet endroit et du coût démesuré des recherches qui ne disposaient pas à l'époque de la technologie dont nous profitons aujourd'hui, les autorités cessèrent leurs investigations.


Un homme rejeta cette fatalité et engagea toute sa détermination et sa passion pour que les recherches de l'épave de la Minerve reprennent et aboutissent.


Soutenu par une piété filiale exemplaire, Hervé Fauve, le fils du lieutenant de vaisseau André Fauve, commandant du submersible disparu, engagea un long
 
combat qu'il raconte dans le livre « Retrouver la Minerve » co-écrit avec Léonard Lièvre.
Ce livre rend hommage à tous ces jeunes gens si tôt disparus, tous animés d'un esprit de sacrifice mais aussi de la joie de vivre, de la fraternité et de la solidarité, des vertus propres aux sous-mariniers.


C'est aussi un témoignage qui humanise ces jeunes héros en rapportant des parcours de vie aussi différents qu'originaux.


Nous sommes aussi saisis par l'émotion à la lecture des témoignages de leurs familles concernant les derniers jours des victimes précédant la tragédie, notamment celle d'André Fauve, le pacha du Minerve, Teddy pour ses amis. Nous sommes surtout admiratifs de la pugnacité et de l'ardeur des actions déployées par son fils Hervé pour que soit reprises les recherches de l'épave. Tant de constance et d'efforts, soutenus par l'Amiral Praczuck, chef d'état-major de la Marine, furent récompensés le 5 février 2019 quand Florence Parly, ministre des Armées, ordonna la reprise des recherches.


Le 21 juillet 2019, la découverte de l'épave de la Minerve gisant à 2200 mètres de fond à 45 kilomètres au sud-est de Toulon, a répondu aux attentes des familles.
Aujourd'hui, nous associons tous les membres de l'équipage de la Minerve à l'hommage qui est rendu au premier maître Bernard Doré dont une allée du centre-ville de la commune de Solliès-Pont portera désormais le nom.


Honneur à l'équipage de la Minerve, vive la Marine Nationale, vive Solliès- 
Pont !

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Allocution de Monsieur Hervé Fauve, Fils du commandant de la Minerve

Vendredi 30 juin2023

 

 

Mesdames mesdemoiselles et Messieurs,


Lorsqu'il y a 6 mois Jean-Marc Doré m'a demandé d'intervenir ce matin, j'ai un peu hésité, me demandant si ma place n'était pas de rester en retrait. Il m’a vite convaincu et je m’exprime aujourd’hui au nom des familles et proches des 52 marins disparus à bord de la Minerve.


Il y a un peu plus de 5 ans nous nous réunissions pour commémorer le 50e anniversaire de la disparition de la Minerve. Nous étions bien peu à nous souvenir de ce drame.


Nous, leurs familles, leurs proches, leurs camarades et amis, nous sentions bien seuls et isolés lorsque nous évoquions la mémoire de ces jeunes hommes disparus tragiquement, le 27 janvier 1968, restés introuvable depuis. 


La solidarité des gens de mer est légendaire, l'histoire de la Minerve allait montrer que cette solidarité s'étend aussi aux proches des gens de mer. Cette solidarité était comme une braise ardente, que l'on ne voit pas, dissimulée sous les cendres, mais qui ne demande qu’à être attisée par un souffle pour redevenir un grand feu. Nous avons soufflé, de plus en plus nombreux jusqu'à ce qu'il fût possible de réveiller le feu de nos espoirs endormis, en réunissant autour de nous tous ceux qui n'avait jamais pu se résoudre à ne pas savoir. 


A ne pas savoir où se trouvait leur dernière demeure. 
Ne pas avoir de réponse à nos questions sans réponse. 
Notre foi et notre volonté d'en savoir plus allait nous permettre de convaincre tous ceux que nous croisions qu'il était encore temps de rechercher la Minerve et convaincre, contre toute attente, les autorités de la Marine de reprendre les recherches.


Le 21 juillet 2019 l'épave de la Minerve était découverte au large de Toulon et le monde entier apprenait notre histoire. Chacun d'entre nous se souvient du moment où il a appris que la Minerve était enfin retrouvée.


Aujourd'hui l'inauguration de l'allée Bernard Doré nous montre que leur souvenir perdure et qu'ils ne sont pas oubliés. 


À bord de la minerve Bernard Doré faisait figure d'ancien. A 36 ans il était l'un des deux plus âgés. Son commandant avait écrit quelques semaines auparavant : « Chef de quart très sûr et patron de sous-marin confirmé ». « Il excelle dans ses fonctions de gestion de l'ordinaire. »


Je ne connais pas bien son parcours, mais il était de loin le plus expérimenté de l’équipage, avec plus de 10 ans passés à bord des bateaux noirs. Il savait que le monde des sous-marins est un monde qui peut être dangereux, que lorsque l'on navigue à plusieurs centaines de mètres de profondeur, la mer peut être impitoyable en cas d'avarie. Je l'imagine, prodiguant des conseils aux jeunes, leur racontant ses expériences à bord des nombreux types de sous-marins sur lequel il avait navigué. Le Mille, un ancien U Boat allemand, l’Africaine ou l’Andromède, des sous-marins français des années 30, avant d’embarquer sur l'Ariane puis la Minerve des sous-marins que l’on disait à haute performance. 


J'imagine facilement qu'il devait apprécier le confort de la Minerve par rapport à ses anciens sous-marins où les conditions quotidiennes était si éprouvantes pour les marins.


Mais malgré les progrès de la technique la navigation sous-marine reste dangereuse et ce 27 janvier 1968 à 08h00 du matin 52 marins disparaissaient sans doute à la suite d'un abordage lié aux conditions météorologiques particulièrement mauvaises ce jour-là.


Oui la navigation sous-marine est dangereuse et malheureusement l'actualité vient de nous le rappeler tragiquement. Je ne peux pas aujourd'hui prendre la parole sans évoquer également la mémoire de Paul Henri Nargeolet disparu sur l'épave du Titanic il y a 2 semaines. Sans lui nous ne serions peut-être pas là aujourd'hui.


C'est lui qui m'a convaincu que l'on pouvait reprendre les recherches de la Minerve, c'est lui qui a convaincu nos autorités politiques locales que ces recherches étaient techniquement possibles. C’est encore lui qui avait convaincu les autorités françaises compétentes d'accepter la plongée pour déposer une plaque commémorative sur l'épave. 


Il avait déclaré à un de mes amis, il y a à peine 2 mois, qu'après le Titanic la Minerve était le bâtiment disparu qu'il aurait souhaité retrouver. 


Alors aujourd’hui je tiens à associer sa mémoire au souvenir de Bernard Doré et des 51 autres marins disparus à bord de la Minerve.

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