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Plusieurs campagnes successives de recherches furent menées, une première en 1968 avec les moyens français, une autre en juillet 1969

Toutes deux furent conduites sous l'autorité du préfet maritime, l'amiral de Scitivaux

Il s'agit ici de décrire la campagne 1968.

Cette campagne 1968, baptisée opération « Reminer » (Recherche Minerve) a été effectuée avec les moyens suivants :

  •  les moyens de la mission hydrographique de dragage, c'est-à-dire le bâtiment hydrographe La Recherche (ex Guyane) de 810 tonnes équipé d'un sondeur EILAC, et de moyens de localisation précis grâce au système radioélectrique Trident ;

  • les moyens du Groupe des bathyscaphes, c'est-à-dire du Marcel Le Bihan, ancien tender d'aviation allemand de 800 tonnes équipé d'une grue de 13 tonnes et du bathyscaphe Archimède de 65 tonnes.

L'ensemble de l'opération fut mené par le C.V. HOUOT, commandant le groupe des bathyscaphes avec l'IHC.2 PASQUAY, chef de la mission hydro­graphique de dragage, sous la haute autorité de l'amiral, préfet maritime de la 3ème Région.

Cette campagne s'est déroulée en deux phases. Dans un premier temps La Recherche a effectué des sondages systématiques dans les Secteurs 65 et 66 et leurs abords immédiats vers le sud et l'est. Dans cette zone les fonds sont de 2 000 à 2 500 mètres et sont apparemment assez plats. La zone située au nord du Secteur 65 a par contre dû être négligée, car elle se trouve sur le talus du plateau continental, où les fonds sont extrêmement tourmentés, avec des falaises et des canyons sous-marins qui forment en particulier les accores est et sud du banc des Blauquières.

Il y avait au départ des incertitudes sur le lieu des recherches:

  1. Au moment de cette perte de contact radio. l' « Atlantic » situait le sous-marin dans une position en dehors du Secteur T.65 et dans son sud-est (position B de la carte).

  2. Pendant les recherches antérieures au 1° février, des bâtiments avaient aperçu une tache d'hydrocarbures assez importante au nord du Sec­teur 65. Cette tâche, d'après les témoins (premiers-maitres patrons de remor­queurs de la direction du port de Toulon), semblait être produite par du gas-oil à l'odeur caractéristique remontant du fond sous forme de grosses bulles. (position C de la carte).

  3.  La localisation, qui pouvait en être déduite des enregistrements seismologiques, mettait le centre de la zone d'incertitude au point A de la carte n" 1, c'est-à-dire très légèrement dans l'est du Secteur T.65.

Cette campagne s'est déroulée en deux phases. Dans un premier temps La Recherche a effectué des sondages systématiques dans les Secteurs 65 et 66 et leurs abords immédiats vers le sud et l'est. Dans cette zone les fonds sont de 2 000 à 2 500 mètres et sont apparemment assez plats. La zone située au nord du Secteur 65 a par contre dû être négligée car elle se trouve sur le talus du plateau continental, où les fonds sont extrêmement tourmentés, avec des falaises et des canyons sous-marins qui forment en particulier les accores est et sud du banc des Blauquières.

Opération REMINER

Extrait de la Revue maritime n° 264 (pages 431-443) 

Revue maritime n° 264-Minerve
Houot.png

Commandant Georges Houot

De Scitivaux.jpg

Amiral Philippe de Scitivaux

Il y avait au départ des incertitudes sur le lieu des recherches:

  1. Au moment de cette perte de contact radio. l' « Atlantic » situait le sous-marin dans une position en dehors du Secteur T.65 et dans son sud-est (position B de la carte).

  2. Pendant les recherches antérieures au 1° février, des bâtiments avaient aperçu une tache d'hydrocarbures assez importante au nord du Sec­teur 65. Cette tâche, d'après les témoins (premiers-maitres patrons de remor­queurs de la direction du port de Toulon), semblait être produite par du gas-oil à l'odeur caractéristique remontant du fond sous forme de grosses bulles. (position C de la carte).

  3.  La localisation, déduite des enregistrements seismologiques, mettait le centre de la zone d'incertitude au point A de la carte n" 1, c'est-à-dire très légèrement dans l'est du Secteur T.65.

Recherches sur les remontées d'huile

Une première série de recherches a tenté de déter­miner où pouvait se placer l'origine des remontées d'huile. Cela n'a rien donné, car elle aurait dû être effectuée des conditions analogue à la météo du 27 janvier, par fort mistral, et ses effets auraient alors été impossibles à observer. 

 

Recherches préliminaires d'échos pouvant être ceux d'une épave

Une recherche par sondeur sur un tel fond ne pouvait donc révéler la présence d'aucune épave. La zone qui figure sur la carte n° 2 a été explorée par lignes de sondes espacées de 50 mètres, 100 mètres, 200 mètres suivant les secteurs (secteur au 1/5 000. 1/10 000, 1/20000). La recherche normale est celle qui est faite avec l'écartement 100 mètres, l'écartement 50 mètres ayant été utilisé par comparaison dans une zone restreinte. L'écartement 200 mètres a été utilisé dans une zone plus étendue pour couvrir le point donné par l'avion.

 

Partout dans cette zone, le fond est d'al­lure générale régulière. Il est en grande partie recouvert d'une couche sédi­mentaire avec de faibles accidents de relief (rochers, petites falaises). La qualité de cette exploration a été strictement liée aux caractéristiques du sondeur utilisé. Celui-ci (un sondeur allemand ELAC sur 15 kilocycles avec une ouverture totale de 24 degrés) permet théoriquement de déceler des obstructions faisant saillie d'un mètre sur le fond. Dans la pratique, ce chiffre a dû être réévalué à quatre ou cinq mètres, en raison des pentes, de légères vallées, et du fait que le sondeur, à chaque écho, couvre sur le fond un secteur circulaire ayant un rayon de l'ordre de 120 mètres. Dans ces conditions La Recherche a trouvé une quinzaine d'échos pouvant ressembler à une épave. Elle a dû alors se livrer à un travail de classement de ces échos en passant sur leur position à des routes différentes, grâce à la précision de 10 mètres donnée par le système de navigation Trident. Le résultat de ce travail a été de classer deux échos comme correspondant certainement à une obstruction (les échos qui sont portés aux positions 01 et 02 de la carte n' 2), certains autres étant classés comme seulement probables, les autres étant éliminés.

Cette opération de classement est peut-être à l'origine de certains arti­cles de presse qui ont prétendu que la Minerve avait été retrouvée. Une telle conclusion ne pouvait cependant être annoncée qu'après avoir formellement identifié à la vue les obstructions ainsi repérées. C’est bien d’ailleurs ce que devait démontrer la suite des opérations.

Ajoutons que pour obtenir des précisions pareilles sur la mesure du fond, il était nécessaire d'avoir du beau temps. Le mois d'août 1968 a été particulièrement défavorable. Dans la journée, il y avait un fort mistral. La Recherche devait appareiller de nuit dès que le vent faiblissait. Un certain nombre de profils effectués dans des conditions de mer estimées comme « limite » ont dû être repris ultérieurement.

Plongées du bathyscaphe Archimède 

Ce n'est qu'après ce travail préliminaire qu'a pu commencer le deuxième temps, celui de l'identification visuelle effectuée par le bathyscaphe Archimède. Celui-ci a effectué sept investigations, aux points marqués 01, 02, 03, 09, 010, 014. 017 de la carte n° 2. Ces investigations étaient menées de la façon suivante:

a) — La Recherche conduit le Marcel Le Bihan à proximité de l'écho dont il faut effectuer la reconnaissance, puis place ce bâtiment par rapport à elle-même et exploite les renseignements en azimut-distance de l'Archimède donnés par le Marcel Le Bihan. Pour les deux dernières plongées, cette méthode assez lourde interrompant les travaux de sondage, un récepteur Trident prélevé sur un autre bâtiment de la MHD a été installé sur le Marcel Le Bihan en arrêtant quelques jours ses travaux.

Bathiscaphe_Archimède.png

Bathyscaphe Archimède

b) — L'Archimède prêt à plonger est remorqué par le Marcel Le Bihan, en une position telle que, compte tenu d'une légère dérive, il puisse arriver à quelques centaines de mètres de l'écho à explorer : ceci afin d'éviter que le bathyscaphe ne se pose sur l'épave.

c) — L'Archimède, étant en liaison avec le Marcel Le Bihan par phonie ultrasonore, se fait positionner par moyens également ultrasonores. Le Marcel Le Bihan donne à l'Archimède l'azimut et la distance de l'écho. L'Archimède se dirige, alors vers k point indiqué, rendant compte de ses mouvements, et se faisant placer à nouveau en cas de nécessité.

Cette méthode donne une incertitude totale de 300 mètres sur le positionnement de l'Archimède. Elle a cependant abouti à d'excellents résultats, car cette erreur est cohérente avec les moyens de détection propres de l'Archimède (un sonar panoramique Strazza). Celui-ci a donc pu arriver à la vue des épaves, malgré la visibilité très limitée du hublot de l'Archimède et le fait que dans l'obscurité totale de ces profondeurs, ses projecteurs pourtant tris puissants ne permettent guère de voir à plus d'une dizaine de mètres. Plusieurs fois d'ailleurs le guidage a été inutile, l'Archimède ayant de l'écho de l'obstruction avant d'arriver au fond.

1ére plongée — 17 septembre — Oscar 2 — profondeur 2300 mètres

C'est alors la partie la plus spectaculaire de l'opération. La première plongée de l'Archimède a lieu au point 02 le 17 septembre par fond de 2.300 mètres. À 80 mètres du fond il obtient un écho à 600 yards sur le sonar Strazza. Il s'approche lentement de cet écho et le voit se dédoubler, un écho paraissant avoir 90 mètres de long, l'autre 30 mètres. Il détecte aussi de nombreux petits échos sur une centaine de mètres des deux échos principaux. À une dizaine de mètres de l'écho le plus petit, les passagers de l'Archimède aperçoivent par le hublot un amas de cornières et de tôles tordues. Entre les deux épaves le sol est jonché de débris métalliques informes. À proximité de l'épave la plus importante, l'Archimède aperçoit une paroi presque verticale qu'il accoste et sur laquelle il glisse et racle, cette coque étant revêtue d'une faune très dense. Il distingue alors un hublot puis deux autres et ce qui semble être un garde hélice. Il se rend alors à l'évidence, cette épave n'est pas celle de la Minerve, mais celle, ancienne, d'un bâtiment inconnu. Au retour en surface, on constate des traces de raclage sur le plexiglas bâbord de l'encorbellement des projecteurs, avec des traînées apparentes d'une peinture probablement blanche.

2e plongée — 20 septembre — Oscar 1 — profondeur 250 mètres

Le 20 septembre, l'Archimède plonge au point 01. Il obtient un écho à 400 yards alors qu'il est encore à 150 mètres du fond. 11 se dirige sur cet écho sans se faire conduire par le Marcel Le Bihan. A une centaine de mètres de l'écho, l'épave se dessine parfaitement sur l'écran du sonar. Elle a 60 mètres de long. En se rapprochant, l'Archimède voit une hélice tripale et un étambot de cargo. Il fait le tour de l'épave qui est couverte d'animal­cules non identifiés. Il voit alors des filins et des câbles d'acier qui pendent le long du bord comme s'ils provenaient de bossoirs. Il aperçoit également des objets correspondant à des petits échos voisins, un cube métallique de 2 mètres de côté qui pourrait être une petite passerelle et un coffre métalli­que. C'est donc encore une déception, l'écho numéro 01 n'est pas la Minerve.

Cette déception se répéta avec les autres échos, qui se révèlent à la vue n'être que des accidents du fonds, ce que le commandant Houot appelle le minirelief de cette plaine abyssale, petites falaises ou masses rocheuses sortant de la couche sédimentaire. Au cours de ces plongées, il est détecté et aperçu des objets de petites dimensions.

On peut extraire du compte rendu du commandant du groupe des bathyscaphes le récit d'autres plongées. Moins faciles que celles dont nous avons parlé jusqu'ici, car les objets recherchés étaient plus difficiles à identifier.

 

4e plongée — 8 octobre — Oscar 9 — profondeur 2350 mètres

«Le Marcel Le Bilan laisse à l'Archimède liberté de manœuvre pour aller explorer deux échos proches qu'il lui a signalés à son arrivée sur le fond. Le premier correspondant aux ailettes d'une roquette plantée dans le sol, le deuxième est celui d'une masse rocheuse isolée de 3 mètres de haut et de 3 mètres de diamètre, à demi enfoncée dans le sédiment comme si elle avait creusé une souille. (Cette impression de souille a amené le commandant Houot à se demander s'il ne s'agissait pas d'une météorite).

 

Un positionnement effectué près de ce rocher indique à l'Archimède qu'il se trouve dans le 115 et à 1.000 mètres de Oscar 9. À mi-parcours un bon écho métallique l'incite à infléchir sa route vers le 240. Une deu­xième roquette est repérée. L'Archimède fait ensuite route au 350 vers Oscar 9 et estimant avoir parcouru le chemin prescrit redemande un posi­tionnement. Oscar 9 lui est signalé dans le 035 à 700 mètres. Ce trajet ayant été effectué sans rien découvrir d'autre que de très petites variations de pente, l'Archimède explore un faible écho de relief d'une centaine de mètres

de longueur et situé dans le 150 à 300 mètres de la position estimée de Oscar 9, puis continue en direction du rocher isolé près duquel il se fait à nouveau positionner. Le Marcel Le Bilan le trouve dans le 090 à 1.000 mètres d'Oscar 9 ce qui confirme l'estime. Après 600 mètres de parcours et sans avoir rien découvert de nouveau, il est obligé d'interrompre la plon­gée, les batteries étant déchargées. »

5e plongée - 11 octobre - Oscar 9

« Estimant que la région ouest de l'écho Oscar 9 n'a pas été explorée au cours de la plongée du 8 octobre, j'envoie à nouveau l'Archimède sur cet écho. (C'est le commandant Houot qui parle).

Un premier positionnement, place le bathyscaphe à 200 mètres d'Oscar 9. Un deuxième le situe peu après pratiquement sur la position d'Oscar 9. L'Archimède pendant ce court déplacement n'a observé qu'une faible pente de 5 à 10° qui semble orientée au 160. Le Marcel Le Bihan, lui donne alors liberté de manœuvre comme il était convenu l'ouest d'Os­car 9. Faisant route au sud-ouest puis au nord-ouest il découvre 1.000 mè­tres plus loin l'écho d'une falaise sédimentaire orientée au 290 et longue de 500 mètres. Il se fait positionner et se trouve dans le 260 et à 1.000 mètres de Oscar 9. De là il se dirige successivement au nord-ouest puis ou sud-est afin de revenir vers Oscar 9. C'est en ralliant ce point par le nord-ouest qu'apparaît sur le scope du sonar un écho de relief de 100 mè­tres de long orienté au 250. La pente faible et progressive de ce relief n'a pas permis en début comme en fin de plongée d'en apprécier la hauteur ».

6° plongée — le 15 octobre - Oscar 17

 

L'Archimède arrivé sur le fond est sur une butte (pente 81, il se fait positionner. Il est envoyé sur Oscar 17 dont il est à 500 mètres dans le 307. L'Archimède en se rendant sur Oscar 17 rencontre de nombreuses buttes (échos sonar, diffus et flous). La pente est telle qu'il arrive que l'avant du pont roulant se plante dans la vase. Un écho métallique dans k 10 à 400 yards déroute l'Archimède. Cet écho est un bidon du genre fût d'huile de 200 litres.

Échec donc, l'épave de la Minerve n'a pas été retrouvée sans pouvoir assurer qu'elle ne se trouve pas dans la zone explorée.

Les recherches sont alors abandonnées, elles reprendront en 1969 avec du matériel plus performant. 

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