Polémiques, en 2000, autour de la disparition de la Minerve après le drame du Kursk en Russie
Absence d'information officielle après les opérations de recherche
Depuis 1968, la position du SIRPA, le service d'information des armées, a toujours été la même. L'épave de la Minerve n'ayant pas été retrouvée on ne peut rien communiquer à son sujet. Cette position apparaît paradoxale, voire contradictoire, avec l'existence d'un dossier "confidentiel défense" dont on se demande alors ce qu'il pouvait contenir qui méritait le secret.
La seule publication "officielle" relative à la Minerve fut un article publié dans la Revue Maritime d'Avril 1968, avant même que la commission d'enquête n'ait rendu son rapport. Il fut rédigé par le CA Sacaze, ancien membre de la commission d'enquête de la disparition de la Sybille en 1952.
Mais, cet article pourtant validé par le Ministère de la Défense, comme on l'a découvert en 2018 à l'ouverture des archives de la Minerve, ne fut suivi d'aucun autre et ne fut pas même présenté comme une version officielle.
On trouve de larges extraits de cet article sur ce site (cliquez ICI).
Ce silence sur les conclusions de la commission d'enquête va ouvrir la voie à une polémique à partir de 2000 lors de la tragédie du Kursk.
Un site consacré à la Minerve sur Internet
Avant ce drame russe vers 1998, le site de Jean-Alain Autret, la tragédie de la Minerve, avait commencé à sortir la Minerve et l'Eurydice du semi-oubli qui les recouvrait lentement.
Le père de Jean-Alain, René Autret avait été marin sur la Minerve lors de son lancement et, même s'il n'y avait perdu aucun camarade, était resté meurtri par ce drame.
Des attaques répétées de hackers turcs finiront par conduire Jean-Alain Autret à geler son site et cesser toute animation.
La tragédie du Kursk et la polémique sur la Minerve
En août 2000 les russes perdent leur sous-marin Koursk dans des conditions particulièrement dramatiques (détails sur Wikipedia).
Le 26/08/2000 un article du Monde, du journaliste Jacques Isnard, ouvre une polémique autour de la disparition des sous-marins Minerve et Euridyce.
(Lire l'article ICI)
L'armée aurait dissimulé délibérément les causes des accidents de la Minerve et de l'Eurydice pour protéger les intérêts commerciaux des sous-marins DAPHNE qui avaient connu un certain succès à l'exportation.
Cet article provoque un tollé parmi les sous-mariniers. Le VAE Hubert Foillard répond dans un article publié dans "La Baille"(?), mais dont l'audience est restreinte. (Lire l'article ICI)
Dans la foulée, "La Croix" fait explicitement écho à cet article pour en reprendre les arguments. (Lire l'article ICI)
Passage de Jean-Alain Autret sur le journal de TF1 à l'occasion de la tragédie du Koursk en aoùt 2000
Le 23 octobre, à son tour, Libération, sans mentionner les 2 autres journaux, publie, dans la même veine, un article, "fatale immersion" qui s'appuie, d'une part sur la description du drame faite dans le site la tragédie de la Minerve (à partir de la "Revue Maritime de 1968" citée ci-dessus), d'autre part reprend la position du Monde sur l'accident de la Minerve. (Lire l'article ICI)
La curiosité commence alors à grandir autour de ce dossier "confidentiel défense" dont peu de monde connaissait ni ne soupçonnait l'existence en dehors de l'armée.
Ainsi, depuis 2000 la polémique n'a cessé d'enfler, elle est reprise et relancée par la plupart des médias à chaque fois que le drame de la Minerve est évoqué.
Plusieurs visites aux archives de Vincennes de membres des familles des disparus se sont ensuite heurtées à une fin de non-recevoir. (voir témoignages)
Certains parviendront, individuellement, à y avoir accès grâce à la compréhension de responsables des archives. Mais cela reste l'exception.
Le ressentiment des familles n'a cessé de monter depuis, la position officielle autour du Secret Défense s'avérant de moins en moins compréhensible.
Fin de la polémique sur la dissimulation des problèmes techniques aux marines étrangères
Lorsque l'on ouvre enfin les archives de la Minerve en 2018 on trouve pourtant à l'intérieur de l'un des documents une annotation de la main même de Pierre Messmer qui montre qu'il n'y avait aucune intention de dissimulation vis-à-vis des marines étrangères:
On lit souligné et paraphé de la main même de Pierre Messmer le ministre de la Défense:
"Il convient d'informer les Marines Etrangères ayant ou attendant des sous-main type DAPHNE, des conclusions de la Commission d'Enquête. Je fais préparer à leur attention des extraits du rapport de la commission, auxquel seraient jointes les principales notes techniques citées dans l'annexe sur le matériel."
Il n'en demeure pas moins qu'à côté de cela que jamais la moindre information n'a été communiquée en dehors de la Marine, tant aux familles qu'au grand public.