
Saurons nous qui a pu l'aborder ?
Après le rapport, Hervé FAUVE a cherché à savoir si le navire à l'orginie du naufrage de la Minerve pouvait être identifié. En 1968, la zone de disparition de la Minerve appartenait aux eaux internationales. La navigation relevait du secret commercial. Il n'y a pas d'archive permettant d'identifier les navires qui auraient pu croiser la Minerve à 8h du matin ce jour là.
A bord du navire, nul n'a su le drame qui venait de se jouer.
Pourquoi l'hypothèse de l'abordage est plausible ?
Dès 1968 C'est celle qui a été privilégiée par la grande majorité des officiers de marine qui ont témoigné devant la commission d'enquête.
Lorsqu'il refait surface, le sous-marin est "aveugle, il peut ne pas percevoir le bruit émis par un navire en mouvement. La zone dans laquelle il détecte un navire en approche a un peu la forme d'ailes de papillon et donc il y a un angle mort. Il est possible qu'il soit heurté par l'étrave d'un navire à ce moment précis.
Des collisions se sont produites comme celle que racontait le CC Dyèvre à la commission: "Il peut y avoir abordage sans que le bateau de surface ne s'en ronde compte. J'en ai hélas l'expérience, j'étais sur le "MARSOUIN" quand il a abordé un cargo. Le cargo n'a jamais donné signe de vie et pourtant il y avait un morceau de pale d'hélice dans notre baignoire. Donc c'était incontestable que c'était un cargo. Eh bien, ce cargo ayant perdu une pale d'hélice ne s'est jamais manifesté."
Est il nécessaire de rappeler que 2 ans plus tard, le 4 mars 1970, c'est bien un abordage qui est à l'origine du naufrage de l'Eurydice.

Eléments visibles de la Minerve à l'immersion périscopique. en 1962 Photos Claude Baloux
Pourquoi aucun navire ne se serait manifesté ?
Au moment du drame la Minerve était survolée par un Bréguet-Atlantic qui n'avait aperçu aucun navire à proximité immédiate.
On sait aujourd'hui que l'avion était éloigné de la Minerve. Il volait à une vingtaine de kilomètre avec une mauvaise visibilité. La présence d'un navire pouvait facilement lui échapper à ce moment là.
La mer était très forte. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, d'un commun accord, la Minerve et l'avion Breguet Atlantic avaient décidé d'arrêter leur exercice conjoint.
En surface la Minerve est invisible elle navigue à l'immersion périscopique. Seul quelques éléments émergent mais dans une mer avec des creux importants du fait de la houle. Ils sont alors impossibles à distinguer.
A bord du sous-marin la visibilité est, pour les mêmes raisons, fortement réduite. Il est difficile d'apercevoir un navire en approche. Au sonar, les hommes à l'écoute, les oreilles d'or, n'entendent rien car le fracas des vagues couvre tous les autres bruits. Comme c'est l'heure du changement de quart, il y a peut être une relache de l'attention à cet instant.
Un bateau en surface aurait tangué, tapé contre les vague. S'il a légèrement heurté la Minerve, un choc parmi tant d'autres, personne à bord ne s'en est aperçu.
L'examen, en 2021, des archives, par Hervé FAUVE, a montré que rien ne permettait de savoir qui naviguait au large de toulon le 27 janvier 1968 à 8h00 du matin. On était alors dans les eaux internationales où la navigation était considérée comme relevant du secret commercial.
Aucun des navires identifiés apparaissant dans les archives ne peut être incriminé. A l'heure du drame ils étaient tous trop éloignés de la Minerve.
On ne saura donc jamais. Faudrait-il incriminer un équipage, plus de 50 ans après les faits, qui, à bord de son navire, n'avait commis aucune faute et ne s'était aperçu de rien ?