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Résumé des opérations  de recherche

Extrait de la Revue maritime n° 253 (pages 441-446) 

Les bâtiments sur place commencent immédiatement les recherches.

Dès 3 heures 30, le dimanche 28 janvier, moins d'une heure après le déclenchement du dispositif, on trouve déjà en patrouille dans le secteur d'exercice de la Minerve :

  • un avion Breguet-Atlantic.

  • le Cassard, l'Agenais, le Béarnais, l'Enjoué, l'Adroit, l'Alerte et le Frondeur.

 

Au jour, un hélicoptère explore la bande côtière (10 nautiques) pendant qu'un avion Alizé ratisse le large.

 

A 09 h 30, arrivent en renfort les dragueurs de la 30ème division et tous les remorqueurs et autres bâtiments disponibles de la direction du port auxquels s'ajoute à 12 heures le Groupe Kersaint, Jaureguiberry, La Bourdonnais.

 

Enfin le porte-avions Clemenceau, qui a fait rappeler son personnel dans les rues de Toulon avec des haut-parleurs, se présente dans la zone à 14 heures avec deux flottilles d'hélicoptères.

 

Les instructions du Chef d'État-Major de la Marine

Marine Toulon a donc mis en œuvre immédiatement tous les moyens disponibles.

Le Chef d'État-Major de la Marine, intervient alors pour que le maximum d'efficacité soit obtenu de ces moyens.

 

Le but recherché et à atteindre, est de sauver les survivants qui peuvent encore exister dans la coque du submersible.

Revue maritime n° 253-Minerve

 

Pour cela, les recherches dans le secteur de la Minerve où les fonds sont supérieurs à 2 000 mètres, et plus au large, sont inutiles. Au-delà de 5 à 600 mètres de fond, le sous-marin est écrasé par la pression de l'eau, et aucune vie n'y est possible. On ne peut espérer trouver de survivants que si la Minerve a eu son accident par fonds relativement faibles, au cours de son voyage de retour à Toulon. Il faut d'autre part, agir dans les délais les plus rapides, car le sous-marin a au maximum pour 100 heures d'oxygène.

 

Voici donc les instructions que donne le Chef d'État-Major de la Marine le 28 janvier en fin d'après-midi.

« Dans l'état actuel de nos connaissances, on peut espérer que la Minerve repose sur le fond, sans être écrasée, sur la route qui va de son secteur de plongée à la Rade des Vignettes. Je compte que tous les navires munis de sonars seront employés cette nuit pour explorer les fonds inférieurs à 600 mètres ».

Et il ajoute un peu plus tard :

« Recherches doivent rester orientées vers la localisation de la Minerve dans les zones où la profondeur permet la survie du personnel ».

 

Pendant cinq jours pleins, un dispositif de recherche très étoffé passera au crible la zone sensible

 

Ce dispositif comprendra d'abord un groupe de quatre  escorteurs dont le La Bourdonnais, le Bouvet et le Normand dans la zone côtière à l'ouest du Cap Sicié.

Un groupe de trois escorteurs et d'un sous-marin sera utilisé à l'est de Sicié.

Dans les abords immédiats de Toulon, entre Sicié et Porquerolles et au nord du 43ème parallèle, quatre escorteurs côtiers et des hélicoptères exploreront cette zone.

Les sous-marins Ariane et Vénus recherchent leur bateau-frère au sud de Porquerolles.

Des recherches visuelles sont faites par des dragueurs et remorqueurs dans la zone des grands fonds, pendant que les hélicoptères du Clemenceau font des patrouilles incessantes.

La Marine rassemble à Toulon tous les moyens militaires et civils, français et étrangers, susceptibles de contribuer aux recherches.

C'est ainsi que l'escorteur d'escadre La Galissonnière, notre bâtiment de guerre le mieux équipé en sonars de recherche, participe aux recherches avec ses sonars à basse fréquence particulièrement précieux pour la recherche des sous-marins en plongée.

L'Elie Monnier est là avec toute l'équipe du groupe de Recherche sous-marine et sa tourelle Galeazi. Là aussi est le Terebel avec son Télénaute de l'Institut français du pétrole.

Le Commandant Robert Giraud convoie la soucoupe Cousteau que son auteur manœuvrera lui-même dans les investigations.

"Commandant Robert Giraud" avec la soucoupe du Cdt Cousteau - Photo de Christian Parriaux 

Le dragueur Pâquerette et la vedette Winaretta apportent leur magnétomètre et le sonar latéral anglais de l'Institut français du pétrole.

Dès le lundi 29 janvier au matin, l'Etat-Major de la Marine demande à la marine américaine quel concours elle est susceptible d'apporter aux opérations de recherche et de sauvetage.

 

Une réponse presque immédiate indique :

  • que le bâtiment de sauvetage Petrel est en route vers la Méditerranée et y rentrera le 31 janvier.

  • qu’aucun matériel de sauvetage américain valable n'existe en Méditerranée (à Naples en particulier).

  • que du matériel de sauvetage (compresseurs et flexibles) est en cours d'assemblement aux Etats-Unis et peut être transporté par air à Toulon dans un délai de 24 heures.
     

Ce dernier point intéresse particulièrement la marine française qui par la suite accueillera avec gratitude toutes les propositions venant de la marine américaine.

 

Tant par l'échange de messages personnels entre les deux Chefs d'Etat-Major, l'Amiral Moorer et l'Amiral Patou, que par conversation avec l'Attaché Naval, Paris demande que, compte-tenu des faibles délais nécessaires au transport le matériel de sauvetage soit tenu prêt à être expédié pendant tout le temps où un espoir peut être conservé de tenter le sauvetage.

 

Et si le Pétrel ne s'est pas arrêté à Toulon, c'est qu'il ne pouvait y être que le 2 février, après l'arrêt des recherches.

Des contacts « sonars » ont donné certains espoirs : les investigations faites ne les ont pas confirmés

Citons les principaux :

  • A 10 milles au Sud de Cepet, un contact très net a été obtenu par le Jaureguiberry, confirmé par détection magnétique. Le Commandant Cousteau a plongé dessus avec sa soucoupe : il s'agissait d'une vieille épave.

  • A 4 milles dans le Sud-Ouest du Cap d'Armes, le sous-marin Ariane a eu un contact sonar assez net. Plusieurs recherches successives n'ont pu le confirmer.

  • Un contact des dragueurs côtiers devant Escampo-Barriou s'est révélé dû à une anomalie du relief.

 

Le 2 février au matin les recherches sont suspendues.

Pendant plus de cinq jours pleins, les 28, 29, 30, 31 janvier et 1° février, les recherches de l'épave de la Minerve se sont poursuivies inlassablement avec tous les moyens que la Marine avait pu rassembler. Même s'il y avait eu des survivants après la catastrophe, ils étaient après ce laps de temps et depuis de nombreuses heures sans oxygène : il fallait bien admettre la cruelle évidence.

Aussi un télégramme du jeudi 1°février à 20 heures ordonnait la suspension des recherches le 2 février au matin.

Dès le début d'ailleurs les sous-mariniers étaient, non sans raison, pessimistes. Il fallait admettre en effet que la Minerve avait plongé très en dehors de son secteur de plongée pour avoir eu son accident sur des fonds accessibles ou encore que l'accident s'était produit pendant son trajet de retour à Toulon, effectué en surface.

 

Aucune manifestation extérieure venant de la Minerve et pouvant faire supposer qu'il y avait des survivants, n'a été signalée pendant les recherches.

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