
Dans la Marine - conséquences pour le moral
Témoignages
Les témoignages sont nombreux sur la perte de confiance provoquée par la disparition successive de la Minerve puis de l'Eurydice. Ceux-ci parviennent parfois du plus haut niveau de la Marine.
Juste après l'accident de la Minerve un commandant de sous-marin déclare :
" J'ai une confiance absolue dans le matériel sécurité-plongée de ces bâtiments [...] Je crois à une seule cause plausible : Une cause extérieure, celle d'un abordage par un bâtiment de surface, dans un secteur fréquenté par les bâtiments de commerce."
2 ans plus tard, le 4 mars 1970, c'est le naufrage de l'Eurydice. En 2018 des officiers évoquent cette période:
"Avant l'accident de la Minerve nous avions une confiance absolue dans la qualité et la fiabilité de ces sous-marins. Après la Minerve nous restions stupéfaits et n'y comprenions rien, mais après l'Eurydice nous avons eu la trouille."
"A chaque fois que je partais en patrouille je me disais que c'était peut-être la dernière et j'avais la peur au ventre. C'est la raison pour laquelle j'ai quitté la Marine dès que j'ai pu."
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Un ancien marin raconte l'anecdote suivante:
"Lorsque François Querat a pris le commandement du Narval en 1970, il venait de quitter celui de l’Eurydice qui coula peu de temps après son départ.
Il y a eu alors, à bord du Narval, un gars qui ne voulait pas de ce commandant. Un commandant qui venait d’un bateau qui vient de disparaître (juste après la Minerve) était pour lui “un chat noir”. Le gars voulait débarquer du Narval pour ne pas naviguer avec ce pacha porte-poisse (ce qui n’était pas le cas, ce fut un super Pacha reconnu et respecté), son débarquement lui a été refusé, le gars a alors déserté, il était un bon mécano, jugement, prison, carrière terminée.".
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L'amiral Joire-Noulens, chef de la FOST, futur Chef d'Etat Major de la Marine évoque l'influence des femmes sur les choix d'afffectation de leurs époux:
"Les femmes, leurs maris ont beau être volontaires, elles ne sont pas volontairement veuves"
Et à propos du risque du métier de sous marinier:
"3 pépins: un problème technique et 2 erreurs humaines, ou 2 erreurs techniques et une erreur humaine et on va au tapis."

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L'Amiral de Joybert, qui fut Chef d'Etat Major de la Marine après les drames déclarera, une fois à la retraite:
"Si nous avons perdu 2 sous-marins classiques la faute, en est strictement au gouvernement et au haut état-major de l'armée".
"Il y avait à bord de la Minerve près de la moitié de l'équipage qui avait une très courte expérience voire aucune de la navigation sous-marine. Le personnel d'encadrement aguerri et expérimenté est alors en nombre insuffisant pour les encadrer efficacement."
"En cas d'accident les vieux savent quoi faire, les jeunes s'affolent, prennent peur et se trompent alors de commande ou en actionnent dans le mauvais sens"

Amiral Marc de Joybert (1912-1987) fut Chef d'état Major de la marine de 1972 à 1974. Son témoignage enregistré sur la Minerve est consultable au SHD à Vincennes sous la cote: MVGG 9 GG