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Peut-on décemment faire une comparaison entre une découverte archéologique et un drame contemporain ? 

  • Photo du rédacteur: Hervé Fauve
    Hervé Fauve
  • 15 juin
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 juin

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Photo Marine Nationale
Photo Marine Nationale

Chaque fois que la Minerve est évoquée sur Internet, je reçois un message d’alerte. Parfois le lien est ténu, mais ce n’était pas le cas de celui reçu le 12 juin 2025.  


l’épave "la plus profonde jamais découverte dans les eaux territoriales françaises", a fait savoir Arnaud Schaumasse, le directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm). La précédente était en effet, jusque-là, celle du sous-marin La Minerve, découverte en 2019 au large de Toulon à 2 350 mètres de profondeur […] l'épave est celle d'un navire marchand du XVIe siècle parti d'un port de l'Italie du Nord pour une destination inconnue, d'une dimension de 30 mètres sur 7, et chargé d'au moins deux cargaisons, de la céramique et du fer transporté sous la forme de barres. 


J’imagine que nulle famille des marins disparus à bord de ce navire italien, inconnu, n’a perpétué la mémoire de ce drame. Ce qui m’a fait bondir, c’est l’évocation de la Minerve comme si elle venait d’être détrônée par une nouvelle découverte qui effaçait son nom du Guinness book des records. 

Quel intérêt y avait-il à l’évoquer ? Lors de la découverte de la Minerve, en 2019, nul n’avait fait de commentaire sur la profondeur "record" à laquelle elle reposait. 


Après la découverte de l’épave de l’avion de Saint Exupéry, en 2000, puis la curiosité et les débats malsains qui avaient suivi, la législation a changé. Les épaves contemporaines reposant dans les eaux territoriales françaises deviennent systématiquement propriétés du ministère de la culture afin de pouvoir les protéger sur une base juridique.  Au delà d'un certaine profondeur, la difficulté d'accès reste la meilleure des protections.


J’invite néanmoins ceux qui ont communiqué sur la découverte de l’épave devant la presse à réfléchir et prendre conscience qu’on ne peut évoquer un drame du XVI ème siècle que le voile du temps et de l’oubli ont effacé des mémoires avec le même détachement qu’un drame contemporain dont le souvenir demeure vivace.  


Il y a, dans cette sinistre comparaison, un manque de décence et de respect vis à vis des familles et des proches des 52 marins de la Minerve.  


Cela n’apporte rien à l’information. On a découvert dans les mers du monde de multiples épaves à des profondeurs bien supérieures. 


Le souvenir et la douleur des proches des victimes du drame de la Minerve n'appartiennent pas au passé. 


Hervé Fauve

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